Les journaux de tranchées et de combattants
La Contemporaine vous propose de découvrir un fonds numérisé de plus de 130 journaux écrits dans les tranchées ou par des combattants pendant la première guerre mondiale. Parmi eux se trouve l'Argonnaute, qui a donné son nom à la bibliothèque numérique. Des titres très divers, qui nous plongent dans les tranchées et la vie des soldats : autant de sources inestimables pour comprendre la première guerre mondiale.
À l’automne 1914, le front se stabilise et les tranchées se creusent. De nombreux journaux sont alors créés, écrits par les soldats et officiers depuis le front. Gazettes généralement propres à une unité, elles aident les soldats à tuer l’ennui et égayer leur quotidien.
Parmi toutes ces publications, beaucoup ont une existence éphémère et n’ont pas été conservées. Les fonds de La Contemporaine provient des collectes effectuées par les époux Leblanc avant même la fin de la première guerre mondiale et représente plus de 130 titres. Un projet de numérisation a démarré en 2003, en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, et d’autres titres ont été numérisés en 2014, à l’occasion du centenaire du début de la guerre et de la mise en ligne de l’Argonnaute.
« On gardera un souvenir reconnaissant à la littérature toute particulière, parfois mélancolique, mais presque toujours joyeuse et alerte, pleine de bonne humeur, qui, lors de la stabilisation des fronts, lorsque la guerre de position parut devoir s’éterniser, naquit presque spontanément dans les tranchées, et se manifesta sous la forme pittoresque des journaux du front. » (Almanach illustré du Petit Parisien, 1919)
Les titres témoignent des préoccupations des soldats : le combat (« Face aux Boches »), les conditions de vie difficiles (« Sans tabac »), mais aussi la volonté de rire face à l’horreur. Les titres humoristiques ou optimistes sont en effet nombreux : « Gardons le sourire », « La guerre joviale », « Le Rire aux Éclats », « Rigolboche ». Le ton est souvent ironique, les jeux de mots très présents.
Les journaux sont produits dans les abris, les caves, entre deux combats. Certains sont cependant imprimés à l’arrière. Les moyens dont ils disposent diffèrent d’un journal à l’autre et la diversité du fonds dont nous disposons aujourd’hui le reflète : journaux manuscrits ou dactylographiés, ronéotypés ou imprimés, reliés ou non, au nombre de pages variable.
Ces publications font la part belle au dessin, mais aussi à la chanson, à la poésie, au théâtre, et à tout ce qui témoigne de la vie dans les tranchées : anecdotes, hommages, chroniques, portraits.
« Il manquait quelque chose aux tranchées. Plusieurs choses même : des lits, du Saint-Emilion, des caleçons de soie. Et c’est pourquoi la création d’une feuille s’imposait. Cette feuille, la voici. Ou plutôt, boum ! la voilà. Elle sera lue dans les gourbis étroits, à la lueur fragile d’une bougie, avec l’accompagnement massif et tumultueux des marmites. Elle sera lue, aussi, au repos, parmi la joie honnête des exercices et des travaux, sur la paille crissante des granges […]. Enfin, elle sera lue à l’arrière, car les poilus ne manqueront pas de l’envoyer à leur famille, pour montrer que la guerre ne pèse point à leur esprit. Et cet humble canard connaîtra plus tôt que nous la calme douceur des chambres tièdes où veille la tendresse d’une mère ou d’une femme. » (Boum ! Voilà, 28 mars 1916)
Le fonds en ligne a par la suite été enrichi de journaux australiens et néo-zélandais, écrits principalement par des soldats embraqués sur des navires de transports.
Pour aller plus loin
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Découvrir les ressources de Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF, sur les journaux de tranchées