Les affiches de Mai 68
La contemporaine conserve un ensemble de plus de 300 affiches françaises et tchécoslovaques de la période de mai 1968. La majorité d’entre elles ont fait l’objet d’une numérisation et sont consultables sur l’Argonnaute.
Dans la mémoire collective, 1968 demeure l’année des insurrections étudiantes. Le mouvement commence sur les campus américains et s’étend à l’Europe, en Tchécoslovaquie jusqu’à ce que les chars russes mettent fin au Printemps de Prague.
En France, tout démarre le 22 mars sur le campus de la jeune université de Nanterre. La contestation s’étend à la Sorbonne et culmine en mai. La crise est autant politique que sociale. La France connaît alors la plus importante grève générale de son histoire, terminée par les accords de Grenelle. Le Président de Gaulle dissout l’Assemblée nationale. Les élections de juin lui donnent une majorité favorable au retour de l’ordre. La crise politique s’achève mais pas l’agitation sociale, véritable marque des années 1970.
Contestation de l’ordre établi, de la société capitaliste, de l’impérialisme américain autant que du consumérisme, le mouvement prend des formes très diverses. Si l’Université de Nanterre incarne l’esprit de 1968, d’autres lieux, tel l’Atelier populaire des Beaux-Arts ou celui des Arts décoratifs, produisent des affiches qui renouvellent les écrits de lutte alors répandus. Les artistes utilisent une technique importée des États-Unis, la sérigraphie, consistant en un procédé d’impression par pochoir. Grâce à cette technique, les affiches peuvent être éditées en grand nombre pour un coût modique et diffusées massivement. Les murs de la capitale se couvrent des créations militantes, au style facilement reconnaissable : simplicité du dessin, couleur unique, aplat, slogan.
L’atelier populaire des Beaux-Arts est créé à l’apogée des événements de mai 1968, dans les locaux de l’école, occupée depuis le 14 mai. Etudiants et artistes y produisent collectivement des affiches sur les luttes en cours. Celui de l’Ecole des arts décoratifs, fondé quelques jours plus tard, fonctionne de manière similaire. Les affiches imprimées sont le fruit des échanges et débats issus des assemblées générales qui rassemblent travailleurs, étudiants et artistes. D’autres ateliers voient le jour un peu partout en France, tels à Sarcelles on encore à Marseille.
S’inscrivant dans la tradition de l’affiche politique française, l’expérience des ateliers populaire témoigne de l’effervescence militante et collective des milieux étudiants et artistiques de la fin des années 1960 et se prolonge au cours de la décennie 1970 dans l’engagement de collectifs tels que la Coopérative des Malassis, du Front des artistes plasticiens ou encore du collectif Grapus.
Pour aller plus loin
Vous pouvez également retrouver ces collections au sein de l'Atelier de l'histoire, parcours d'exposition permanent de La contemporaine, qui a ouvert ses portes en 2021.