Grandjouan, Jules(Dessinateur) : Jules Grandjouan naît à Nantes le 22 décembre 1875, il est élevé par sa mère, veuve dès l'âge de 29 ans, et ses grands parents maternels. Après le lycée, Grandjouan part étudier le droit à Paris, c'est probablement à cette période qu'il rencontre le milieu anarchiste. Une fois ses études terminées, Grandjouan trouve un emploi de clerc à Paris. Il se marie avec une institutrice, Bettina Simon en 1897, jeune militante comme lui pour la lutte ouvrière. En 1898, il trouve un emploi de clerc à Nantes. Son premier enfant naît la même année qu'il prénomme Edwige. Trois autres enfants vont naître de cette union : Henri en 1901, Jacques en 1902, et Claire en 1905 (qui décèdera en 1908). C'est en 1896 que ses premiers dessins apparaissent dans les journaux : "Nantes amusant", "Le Clou". En novembre 1897, il fonde "La Revue Nantaise" dont il devient le directeur artistique. En 1899, il publie un recueil de lithographies intitulé "Nantes la Grise". A partir de 1900, il collabore de façon très active à de nombreux journaux humoristiques ("Le Rire") satiriques ("L'Assiette au beurre" de 1902 à 1912) et participe à des journaux plus engagés politiquement comme "Les Temps Nouveaux" de 1905 à 1910, "La Voix du Peuple" de 1904 à 1910 , et "La Guerre sociale" de 1907 à 1910. Grandjouan exerce également son talent dans le domaine de l'affiche et devient à ce titre un des précurseurs de l'affiche politique illustrée en France : "La Révolution"en 1906, "Villeneuve-Saint-Georges" en 1908, "L'art emprisonné" en 1909 ainsi qu'une série d'affiches pour le syndicat national des chemins de fer en 1910... En 1910, il compose pour le comité révolutionnaire antiparlementaire, dont il est le secrétaire, trois affiches : "Ne vote plus, prépare la révolte", "Le vol des quinz'mille" et "A bas Biribi" En 1911, quatre dessins antimilitaristes parus dans La Voix du Peuple lui valent une inculpation. Ce n'est pas la première fois que Grandjouan avait maille à partir avec la justice, mais cette fois ci, il est condamné à 18 mois de prison. Grandjouan va préférer l'exil à l'emprisonnement. Il va se réfugier en Allemagne, à Darmstadt à l'école de danse d'Isadora Duncan, puis voyagera en Italie et en Egypte aux côtés de la danseuse. Grandjouan reviendra en France en 1912 et sera grâcié en février 1913 avec l'arrivée au pouvoir de Poincaré. A son retour, il publie un album de "vingt-cinq reproductions de pastels d'Isadora" et expose ses croquis de voyage. Pendant la Grande Guerre, Grandjouan publie peu, quelques dessins paraissent dans "La Baïonette" et "Le Rire Rouge". Grandjouan, très marqué par le bombardement du Lusitania et la mort de civils, rejoint alors le bourrage de crâne de l'époque : il illustre femmes et enfants naufragés s'accrochant désespérément au sous-marin allemand. Le capitaine allemand scelle leur mort : "Qu'importe l'existence des neutres! L'Allemagne est au-dessus de tout!". Grandjouan, en représentant l'Allemand comme un monstre dénué de toute humanité, légitime en quelque sorte la guerre. Après la guerre, Grandjouan reprend son talent au service des opprimés et dénonce dans trois affiches et de nombreux dessins parus dans L'Humanité le problème des réparations aboutissant à l'occupation de la Ruhr : "Ceux-là", "Les frais de la guerre", "Au secours des enfants allemands". Grandjouan reprend son combat pacifiste (anti-fasciste) auprès des communistes : il n'adhère pas au parti communiste mais illustre diverses affiches pour le PC au moment des législatives de 1924 et Municipales de 1925 et pour des organes affiliés au PC (bloc ouvrier et paysan et CGTU). Grandjouan collabore également à L'Humanité (de 1923 à 1927) et se présente aux élections législatives dans la première circonscription de Nantes en 1924 en tête de liste du bloc ouvrier et paysan. Son engagement auprès des communistes est très lié à son attachement à la Russie. Pays qu'il connaît de longue date puisqu'il s'y est rendu en 1902 et en 1904. Ce n'est qu'en 1926 qu'il pourra s'y rendre à nouveau à l'occasion d'une exposition intitulée "L'Art révolutionnaire" exposant un certaine nombre de ses affiches. Grandjouan crée en 1928 le cercle de La Russie Neuve et publie ses croquis dans L'Humanité et dans un ouvrage intitulé "La Russie vivante". En novembre 1930, Grandjouan est élu représentant en France du bureau international des peintres révolutionnaires mais en est exclu dès le mois de janvier 1931 pour avoir signé avec Panaït Istrati notamment un pamphlet antisoviétique. Entre 1902 et 1904, il rencontre Isadora Duncan , il exposera ses premières études au pastel de la danseuse en 1910. D'autres expositions suivront : en 1955 à Paris, en 1956 à San Francisco et en 1957 à New York.