Ce troisième entretien porte sur la question nationale. En ouverture René Gallissot revient sur les précédents entretiens et apporte des précisions sur les nationalismes basques et catalans ainsi que sur le concept d'État-nation. Il en vient à définir le concept de peuple et l'applique au Maghreb. Il en vient à expliquer comment il s'est intéressé à la question nationale dans son travail et sur quels travaux il s'est appuyé (Marcel Aymerie, Gilbert Meynier, Abdalla Laroui, Charles-André Julien...). Il revient sur la mise en place du Groupe d'Études et de Recherche Marxiste en 1967, à la Maison des Sciences de l'Homme de Paris qui deviendra l'Institut Maghreb Europe en 1991. Il explique en quoi Mai 68 a eu une influence sur le travail d'historien en portant l'attention sur les luttes des colonisés et sur la déconstruction des romans nationaux. Il rappelle que dans les années 70-80 c'est de la diaspora que vient la contestation et la revendication d'indépendance (au détriment d'un fédéralisme ou d'un mixte culturel qu'il soit franco-algérien ou maghrébin) face à l'exercice de répression policière dans les pays d'origines qui permet aux régimes en place de durée. S'appuyant sur les travaux d'Otto Bauer, il développe le concept de mixte culturel (par opposition à inter ou multiculturel) aboutissant à une culture transnationale. Il rappelle qu'aujourd'hui le mixte est lié à la transnationalisation migratoire ce qui impact la notion d'identité.