La mise en ligne des 31 albums du fonds Valois consacré à la Belgique est l'occasion de revenir sur la présence française en Belgique pendant la Première Guerre mondiale.
Beaucoup de personnes l’oublient, mais de très nombreuses troupes françaises ont été présentes sur le territoire belge, pendant toute la durée de la Première Guerre mondiale. Des militaires français ont perdu la vie dès le 7 août 1914, à peine trois jours après que les armées de l’Empire allemand eurent violé la neutralité du petit pays.
Le projet du musée In Flanders Fields qui tente de composer une liste complète et intégrée des noms de toutes les personnes ayant perdu la vie en Belgique à la suite de faits de guerre durant la Grande Guerre, rassemble au total près de 80 000 citoyens français décédés en Belgique au cours de plus de quatre années : http://www.inflandersfields.be/fr/listedesnoms
Après l’immobilisation du front en Flandre-Occidentale, les troupes françaises ont joué un rôle essentiel sur presque tous les grands champs de bataille de cette région : la Bataille de l’Yser et la Première Bataille d’Ypres (octobre-novembre 1914), la Deuxième Bataille d’Ypres au cours de laquelle eut lieu la première grande attaque au gaz de l’histoire mondiale (22 avril-mai 1915), la Troisième Bataille d’Ypres (juillet-novembre 1917), l’Offensive allemande du printemps avec la Bataille du mont Kemmel (avril-mai 1918) et l’Offensive libératrice en Flandres (28 septembre-11 novembre 1918).
Le fait que les Français aient en grande partie disparu de la mémoire collective belge de la Première Guerre mondiale (et que l’historiographie française ignore en grande partie la présence militaire en Belgique) s’explique de différentes façons, selon moi : la présence de très nombreuses troupes de l’Empire britannique dans la région d’Ypres tout au long de la guerre et, surtout, l’importance symbolique que le monde anglo-saxon lui a accordée, le fait que le front de l’Yser soit devenu en Belgique le symbole de la persévérance de l’armée belge et (beaucoup a déjà été écrit à ce sujet) la tendance des Français à ramener les opérations militaires sur le front de l’Ouest à « Verdun ».
Le musée In Flanders Fields tente d’attirer l’attention, de manière équitable, sur la part des Français dans la guerre en Flandre. C’est ainsi que nous avons déjà conseillé la BDIC à plusieurs reprises lors d’expositions, notamment, dans le passé, les grandes expositions Fuir devant la guerre. Les réfugiés belges de la Première guerre mondiale (2004), Homme – Culture – Guerre. Aspects multiculturels de la première Guerre mondiale (2008), Guerre et Trauma. Soldats et Ambulances (2013), ainsi qu’aujourd’hui, dans le cadre du centenaire, lors des expositions sur les grandes batailles de la région d’Ypres. Pour ce faire, nous avons utilisé et utilisons chaque fois les photos souvent magnifiques des albums Valois, soit, pour la Belgique, environ 5 000 illustrations peu connues. J’ai découvert dans ces albums des photos que je n’avais jamais vues ailleurs : l’installation qui permettait de transformer l’eau de l’Yser en eau potable pour les militaires à Rousbrugge, le camp de travailleurs malgaches dans cette même commune (dont je ne connaissais l’existence que par un compte rendu du curé local), des chiens portant un masque à gaz dans le chenil militaire et des dizaines de clichés uniques immortalisant la destruction de la belle ville médiévale d’Ypres durant la première année de la guerre, notamment la halle aux draps, le bâtiment où je suis occupé à écrire ces lignes.
La mise en ligne des photos des Albums Valois représentant la Belgique permettra à de nombreux chercheurs ainsi qu’à un vaste public intéressé par la Première Guerre mondiale de découvrir un pan oublié de l’histoire. La BDIC ne propose pas ainsi un simple service public, mais encourage aussi à une meilleure historiographie de nos deux pays durant la Première Guerre mondiale. La BDIC apporte donc une contribution d’exception à la célébration du centenaire de la Grande Guerre.
Consulter l'ensemble des albums Valois consacrés à la Belgique
Dominiek Dendooven, Musée In Flanders Fields