Dans la lignée du corpus des journaux de tranchées et des gazettes d'atelier de la Première Guerre mondiale, la BDIC met en ligne un corpus de 137 titres de journaux de front, rédigés par les soldats français mobilisés pendant la Drôle de guerre.
« Mais ce journal, pour vivre, a besoin du concours de tous ; il n’est l’apanage de personne ; c’est le bien commun de tous les poilus du 170e R.I., officiers, sous- officiers, caporaux et soldats ; il demande l’aide de tous ceux qui, par la plume ou le crayon, sont capables de divertir leurs camarades et de répandre la gaieté autour d’eux. » Telle est la définition du journal du front de septembre 1939 – mai 1940, donné par l'Hirondelle : une feuille écrite par les combattants, pour leurs camarades, et ayant pour but de les divertir.
Ils sont 137. 137 titres de journaux du front, héritiers des journaux de tranchées de la Première Guerre mondiale, rangés dans les cartons de la BDIC. Ils y sont restés oubliés pour certains depuis leur acquisition, en 1940. Cet oubli est révélateur de leur époque, une « drôle de guerre » restée dans l'ombre, tant de la Première Guerre mondiale que de la défaite de 1940. Ce nouvel éclairage, apporté par cette entreprise de numérisation, permet enfin d'étudier ces journaux comme sources d'une période méconnue, sans l'ombre de la téléologie. Quittant une histoire politique, diplomatique et militaire voulant expliciter les causes de la défaite, ces journaux du front nous permettent alors de nous replonger dans l'étude des combattants, de leurs perceptions, de leurs représentations et de leurs mentalités, et nous invitent alors à jeter un nouveau regard sur ces premiers mois de la Seconde Guerre mondiale.
Amaury Bernard
Doctorant - Université Paris Ouest